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Alain Chartier - Pour prison



Ecouter sur DEEZER
Interprété par l'ensemble Gilles Binchois
Composition : Gilles de Binche



Alain Chartier (vers 1385-1449)


Pour prison

Pour prison, ne pour maladie,
Ne pour chose qu’on me die,
Ne vous peut mon cuer oublier.
Et sy ne peult ailleurs penser,
Tant ay de vous veoir en vie.

M’amour, ma princesse et amie,
Vous seule me tenez en vie,
Et ne peult mon desir cesser.

Ne doubtes ja que vous oblie,
Qu’onques nulle tant assouvie
Ne fust qui me peult faire amer,
Que vous, belle et douce sans per,
Dont amours point ne me deslie.


Daudet - Aux petits enfants


        La Choraline au complet - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Ensemble La Choraline
Choeur de jeunes de La Monnaie (Belgique)
Composition : César Franck



Alphonse Daudet (1840-1897)


Aux petits enfants

Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses !

Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
Pour le bonheur que vous donnez,
À vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids
Soyez bénis,
Chers anges !

Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez.
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu’en vous,
Êtres si doux,
On aime ;

Pour tout ce que vous gazouillez,
Soyez bénis, baisés, choyés,
Gais rossignols, blanches fauvettes ;
Que d’amoureux
Et que d’heureux
Vous faites !

Lorsque sur vos chauds oreillers,
En souriant vous sommeillez,
Près de vous, tout bas, ô merveille !
Une voix dit :
« Dors, beau petit ;
Je veille. »

C’est la voix de l’ange gardien ;
Dormez, dormez, ne craignez rien,
Rêvez, sous ses ailes de neige :
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège.

Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Au paradis, d’où vous venez,
Un léger fil d’or vous rattache.
À ce fil d’or
Tient l’âme encor
Sans tache.

Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu’au ciel est l’étoile blanche,
Ce qu’un peu d’eau
Est au roseau
Qui penche.

Mais vous avez de plus encor
Ce que n’a pas l’étoile d’or,
Ce qui manque aux fleurs les plus belles :
Malheur à nous !
Vous avez tous
Des ailes.


Bernard Dimey - Fredo



Ecouter la version chantée
Interprétation : Les Frères Jacques
Composition : Hubert Metzger
- Diffusé par DEEZER -



Bernard Dimey - (1931-1981)


Fredo

On l´connaît depuis la communale
Le gars qu´est là sur la photo
A la première page du journal
Mais on le reverra pas d´sitôt
Il a saigné deux vieilles mémères
Et buté trois flics, des costauds
Certainement sur un coup d´colère
Vu qu´il est pas méchant Frédo

Il a pillé la Banque de France
Pour rendre service à des copains
Pour améliorer leurs finances
Faut bien qu´tout l´monde y gagne son pain
Y a deux trois employés d´la banque
Qu´ont pris d´la mitraille plein la peau
Bon dieu dans ces cas-là on s´planque
Mais c´est pas sa faute à Frédo

Il a liquidé sa frangine
Une salope une rien du tout
Parce qu´il voulait plus qu´elle tapine
Elle a calanché sur le coup
Ca c´est des histoires de famille
Ca regarde pas l´populo
Et puis c´était jamais qu´une fille
A part ça l´est gentil Frédo

Il a vaguement fait du chantage
C´était plutôt pour rigoler
Pour avoir l´air d´être à la page
Mais les mômes qu´il a chouravés
C´était des p´tits morveux d´la haute
Qui bouffent du caviar au kilo
Tout pour les uns rien pour les autres
"C´est pas juste" y disait Frédo

Il a fait le ramdam chez les Corses
Un soir qu´il avait picolé
Et comme y connaît pas sa force
Les autres ils ont pas rigolé
Raphaël a sorti son lingue
Bref tout l´monde s´est troué la peau
C´est vraiment une histoire de dingues
Vu qu´c´est tous des potes à Frédo

L´histoire des deux voyous d´Pigalle
Qu´il a flingué d´un coeur léger
Moitié camés moitié pédales
Il fallait bien les corriger
Sinon peu à peu qu´est-ce qui s´passe?
Un jour ça s´allonge aux perdreaux
Total qui c´est qui paie la casse?
"C´est nos zigues" y disait Frédo

Un coup d´pique-feu dans l´péritoine
Et Frédo s´est r´trouvé comme ça
Le cul sur l´faubourg Saint-Antoine
Qu´est c´qu´il foutait dans c´quartier-là?
Bien sûr il s´est r´trouvé tout d´suite
Avec les poulets sur le dos
Maint´nant vous connaissez la suite
Vous l´avez lue dans les journaux

Un garçon qu´avait tout pour faire
Impeccable mentalité
Délicat, correc´ en affaires
Bref il avait qu´des qualités
Ca fait mal quand on l´imagine
En train d´basculer sous l´couteau
De leur saloperie d´guillotine
Un mec aussi gentil qu´Frédo.



Du même auteur :
Fredo
Ivrogne et pourquoi pas?
L'amour et la guerre 1/3
L'amour et la guerre 2/3
L'amour et la guerre 3/3
L'aventure, la voilà
La planète où mourir
Quartier des halles
Si tu me payes un verre
Sortilèges
Syracuse
Un soir au Gerpil

La Fontaine - La Poule aux oeufs d'or


                                Illustration de Calvet-Rogniat

Ecouter la version chantée
Interprétation : Anny Versini
Composition : Jean-Marc Versini
- Diffusé par DEEZER -

La version du groupe Chemin Faisant
Composition :
Pierre Guérin / Yves Plaquet
- Diffusé par DEEZER -




Jean de la Fontaine - (1621-1695)


La Poule aux oeufs d'or

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la Poule, à ce que dit la Fable,
Pondait tous les jours un oeuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor.
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les oeufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
Belle leçon pour les gens chiches :
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus
Pour vouloir trop tôt être riches ?


Desbordes-Valmore - Ma Chambre


        Composé et interprété par Amram Bitoun Tordjman




Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)


Ma Chambre

Ma demeure est haute,
Donnant sur les cieux ;
La lune en est l’hôte,
Pâle et sérieux :
En bas que l’on sonne,
Qu’importe aujourd’hui
Ce n’est plus personne,
Quand ce n’est plus lui !

Aux autres cachée,
Je brode mes fleurs ;
Sans être fâchée,
Mon âme est en pleurs ;
Le ciel bleu sans voiles ,
Je le vois d’ici ;
Je vois les étoiles
Mais l’orage aussi !

Vis-à-vis la mienne
Une chaise attend :
Elle fut la sienne,
La nôtre un instant ;
D’un ruban signée,
Cette chaise est là,
Toute résignée,
Comme me voilà !


Cadou - Je t'attendais...



Ecouter la version chantée
Interprétation : Michèle Bernard
Composition : Michèle Bernard
- Diffusé par DEEZER -



René Guy Cadou (1920-1951)


Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires

Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe
Qui écoute apeurée la grande voix du temps

Je t'attendais et tous les quais toutes les routes
Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait
Vers toi que je portais déjà sur mes épaules
Comme une douce pluie qui ne sèche jamais

Tu ne remuais encor que par quelques paupières
Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou

Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient

Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues

Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang.



Du même auteur :
Anthologie
Automne
Chambre d'hiver
Etrange douceur
Hélène
Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
L'alphabet de la mort
L'aventure marine
La fleur rouge
Le temps des villas vides
Les chevaux de l'amour
Les femmes d'Ouessant
Les maisons du destin
Lettre à des amis perdus
Louisfert
Testament

Coppée - Mai



Ecouter sur DEEZER
Interprétation : Susan Graham
Composition : Reynaldo Hahn

Une version de 1941
Interprétation : Géori Boué
Composition : Reynaldo Hahn
- Diffusé par DEEZER -




François Coppée - (1842-1908)


Mai

Depuis un mois, chère exilée,
Loin de mes yeux tu t'en allas,
Et j'ai vu fleurir les lilas
Avec ma peine inconsolée.

Seul, je fuis ce ciel clair et beau
Dont l'ardente effluve me trouble,
Car l'horreur de l'exil se double
De la splendeur du renouveau.

En vain j'entends contre les vitres,
Dans la chambre où je m'enfermai,
Les premiers insectes de Mai
Heurter leurs maladroits élytres ;

En vain le soleil a souri ;
Au printemps je ferme ma porte
Et veux seulement qu'on m'apporte
Un rameau de lilas fleuri ;

Car l'amour dont mon âme est pleine
Y trouve, parmi ses douleurs,
Ton regard dans ces chères fleurs
Et dans leur parfum ton haleine.



Du même auteur :
La Vague et la Cloche
Les oiseaux se cachent pour mourir
Les trois oiseaux
Lied
Mai
Matin d'octobre
Menuet
Obstination
Ritournelle
Sérénade du passant

Armand Silvestre - Madrigal



Ecouter la version interprétée par les choeurs
de l'orchestre du Capitole de Toulouse
Composition : Gabriel Fauré
- Diffusé par DEEZER -



Armand Silvestre (1837-1901)


Madrigal

Inhumaines qui, sans merci,
Vous raillez de notre souci,
Aimez ! Aimez quand on vous aime !

Ingrats qui ne vous doutez pas
Des rêves éclos sur vos pas,
Aimez ! Aimez quand on vous aime !

Sachez, ô cruelles Beautés,
Que les jours d'aimer sont comptés.
Aimez ! aimez quand on vous aime !

Sachez, amoureux inconstants,
Que le bien d'aimer n'a qu'un temps.
Aimez ! aimez quand on vous aime !

Un même destin nous poursuit
Et notre folie est la même :
C'est celle d'aimer qui nous fuit,
C'est celle de fuir qui nous aime !



Du même auteur :
Aurore
Automne
Le plus doux chemin
Le ramier
Le secret
Le voyageur
Madrigal
Noël d'amour
Noël païen
Pensée de printemps
Tristesse
Voici que les grands lys

Armand Silvestre - Le Voyageur



Ecouter la version chantée
Interprétation : Pierre Mollet
Composition : Gabriel Fauré
- Diffusé par DEEZER -



Armand Silvestre (1837-1901)


Le Voyageur

Voyageur, où vas-tu, marchant
Dans l'or vibrant de la poussière?
- Je m'en vais au soleil couchant,
Pour m'endormir dans la lumière.

Car j'ai vécu n'ayant qu'un Dieu,
L'astre qui luit et qui féconde.
Et c'est dans son linceul de feu
Que je veux m'en aller du monde!

- Voyageur, presse donc le pas:
L'astre, vers l'horizon, décline...
- Que m'importe, j'irai plus bas
L'attendre au pied de la colline.

Et lui montrant mon coeur ouvert,
Saignant de son amour fidèle,
Je lui dirai: j'ai trop souffert:
Soleil! emporte-moi loin d'elle!



Du même auteur :
Aurore
Automne
Le plus doux chemin
Le ramier
Le secret
Le voyageur
Madrigal
Noël d'amour
Noël païen
Pensée de printemps
Tristesse
Voici que les grands lys

Apollinaire - La Grenouillère


      La Grenouillère (au temps de sa splendeur) par Auguste Renoir

Ecouter la version chantée
Interprétation : Carlo Colombara
Composition : Francis Poulenc
- Diffusé par DEEZER -




Guillaume Apollinaire - (1880–1918)


La Grenouillère

Au bord de l'île on voit
Les canots vides qui s'entre-cognent,
Et maintenant
Ni le dimanche, ni les jours de la semaine,
Ni les peintres ni Maupassant ne se promènent
Bras nus sur leurs canots avec des femmes à grosses poitrines
Et bêtes comme chou.
Petits bateaux vous me faites bien de la peine
Au bord de l'île.




      La Grenouillère par Claude Monet

Hugo - Mai


                Compositeur : Gabriel Fauré - Interprète : Gérard Souzay

Ecouter la version chantée
Interprétée par Janet Baker
Composition : Gabriel Fauré
- Diffusé par DEEZER -
Une autre version
interprétée par : Maria Jette
Composition : Gabriel Fauré
- Diffusé par DEEZER -




Victor Hugo - (1802-1885)

Les chants du crépuscule


Mai

Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,

Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
Comme une lèvre au bas de la robe des cieux !

Viens ! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles,
Que l'arbre pénétré de parfums et de chants,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs,

Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure,
Et le rayonnement de toute la nature
Fassent épanouir, comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton coeur !


Hugo - Il est un peu tard



Ecouter sur DEEZER
Composé et interprété
par Alain Lecompte



Victor Hugo - Les Quatre Vents de l’esprit


Il est un peu tard

Il est un peu tard pour faire la belle,
Reine marguerite ; aux champs défleuris
Bientôt vont souffler le givre et la grêle.
Passant, l’hiver vient, et je lui souris.

Il est un peu tard pour faire la belle,
Étoile du soir ; les rayons taris
Sont tous retournés à l’aube éternelle.
Passant, la nuit vient, et je lui souris.

Il est un peu tard pour faire la belle,
Mon âme ; joyeuse en mes noirs débris,
Tu m’éblouis, fière et rouvrant ton aile.
Passant, la mort vient, et je lui souris.


Hugo - La fiancée du timbalier


        Un timbalier de 1810

Ecouter la version complète
composée et interprétée
par Serge Kerval
- Diffusée par DEEZER -

Ecouter la version complète
composée par Camille Saint-Saëns
interprétée par Cécile Eloir
- Diffusée par DEEZER -

Ecouter la version abrégée
interprétée par
le groupe Malicorne
- Diffusée par DEEZER -



Victor Hugo (1802-1885)


La fiancée du timbalier

"Monseigneur le duc de Bretagne
A, pour les combats meurtriers,
Convoqué de Nante à Mortagne,
Dans la plaine et sur la montagne,
L'arrière-ban de ses guerriers.

Ce sont des barons dont les armes
Ornent des forts ceints d'un fossé;
Des preux vieillis dans les alarmes,
Des écuyers, des hommes d'armes;
L'un d'entre eux est mon fiancé.

Il est parti pour l'Aquitaine
Comme timbalier, et pourtant
On le prend pour un capitaine,
Rien qu'à voir sa mine hautaine,
Et son pourpoint, d'or éclatant!

Depuis ce jour, l'effroi m'agite.
J'ai dit, joignant son sort au mien:
- Ma patronne, sainte Brigitte,
Pour que jamais il ne le quitte,
Surveillez son ange gardien! -

J'ai dit à notre abbé: - Messire,
Priez bien pour tous nos soldats! -
Et, comme on sait qu'il le désire,
J'ai brûlé trois cierges de cire
Sur la châsse de saint Gildas.

À Notre-Dame de Lorette
J'ai promis, dans mon noir chagrin,
D'attacher sur ma gorgerette,
Fermée à la vue indiscrète,
Les coquilles du pèlerin.

Il n'a pu, par d'amoureux gages,
Absent, consoler mes foyers;
Pour porter les tendres messages,
La vassale n'a point de pages,
Le vassal n'a pas d'écuyers.

Il doit aujourd'hui de la guerre
Revenir avec monseigneur;
Ce n'est plus un amant vulgaire;
Je lève un front baissé naguère,
Et mon orgueil est du bonheur!

Le duc triomphant nous rapporte
Son drapeau dans les camps froissé;
Venez tous sous la vieille porte
Voir passer la brillante escorte,
Et le prince, et mon fiancé!

Venez voir pour ce jour de fête
Son cheval caparaçonné,
Qui sous son poids hennit, s'arrête,
Et marche en secouant la tête,
De plumes rouges couronné!

Mes soeurs, à vous parer si lentes,
Venez voir près de mon vainqueur
Ces timbales étincelantes
Qui sous sa main toujours tremblantes,
Sonnent, et font bondir le coeur!

Venez surtout le voir lui-même
Sous le manteau que j'ai brodé.
Qu'il sera beau! c'est lui que j'aime !
Il porte comme un diadème
Son casque, de crins inondé!

L'Égyptienne sacrilège,
M'attirant derrière un pilier,
M'a dit hier (Dieu nous protège!)
Qu'à la fanfare du cortège
Il manquerait un timbalier.

Mais j'ai tant prié, que j'espère!
Quoique, me montrant de la main
Un sépulcre, son noir repaire,
La vieille aux regards de vipère
M'ait dit: - Je t'attends là demain !

Volons! plus de noires pensées !
Ce sont les tambours que j'entends.
Voici les dames entassées,
Les tentes de pourpre dressées,
Les fleurs, et les drapeaux flottants.

Sur deux rangs le cortège ondoie:
D'abord, les piquiers aux pas lourds;
Puis, sous l'étendard qu'on déploie,
Les barons, en robe de soie,
Avec leurs toques de velours.

Voici les chasubles des prêtres;
Les hérauts sur un blanc coursier.
Tous, en souvenir des ancêtres,
Portent l'écusson de leurs maîtres,
Peint sur leur corselet d'acier.

Admirez l'armure persane
Des templiers, craints de l'enfer;
Et, sous la longue pertuisane,
Les archers venus de Lausanne,
Vêtus de buffle, armés de fer.

Le duc n'est pas loin: ses bannières
Flottent parmi les chevaliers;
Quelques enseignes prisonnières,
Honteuses, passent les dernières...
Mes soeurs! voici les timbaliers !... "

Elle dit, et sa vue errante
Plonge, hélas! dans les rangs pressés ;
Puis, dans la foule indifférente,
Elle tomba, froide et mourante...
Les timbaliers étaient passés.


Musset - Pâle étoile du soir



Ecouter sur DEEZER
Interprète : Cathy Fernandez
Compositeur : Maurice Jarre




Alfred de Musset - (1810-1857)


Le Saule

...
Étoile qui descends sur la verte colline,
Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,
Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,
Tandis que pas à pas son long troupeau le suit,

Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense ?
Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?
Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence,
Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête
Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,
Avant de nous quitter, un seul instant arrête ;
Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux !
...



Bernard Dimey - Syracuse



Ecouter la version historique
Interprétation : Henri Salvador
Composition : Henri Salvador
- Diffusé par DEEZER -



Bernard Dimey - (1931-1981)


Syracuse

J'aimerais tant voir Syracuse
L'île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s'amusent
A glisser l'aile sous le vent

Voir les jardins de Babylone
Et le palais du Grand Lama
Rêver des amants de Vérone
Au sommet du Fuji Yama

Voir le pays du matin calme
Aller pêcher au cormoran
Et m'enivrer de vin de palme
En écoutant chanter le vent

Avant que ma jeunesse s'use
Et que mes printemps soient partis
J'aimerais tant voir Syracuse
Pour m'en souvenir à Paris



Du même auteur :
Fredo
Ivrogne et pourquoi pas?
L'amour et la guerre 1/3
L'amour et la guerre 2/3
L'amour et la guerre 3/3
L'aventure, la voilà
La planète où mourir
Quartier des halles
Si tu me payes un verre
Sortilèges
Syracuse
Un soir au Gerpil

Bernard Dimey - L'amour et la guerre 3/3



Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Charles Aznavour
- Diffusé par DEEZER -



Bernard Dimey - (1931-1981)


L'amour et la guerre

Rien ne pourra payer les larmes des mères,
Rien ne remplacera leurs espoirs déchirés,
Leur bonheur n'est plus rien qu'un vieux rêve éphémère
Elles auront demain tant de fils à pleurer...

Tout ce que l'on apprend dans le regard des femmes,
Ni le feu ni le fer n'y pourront jamais rien
Car l'amour, et lui seul, survit parmi les flammes,
Et je veux, comme vous, voir survivre le mien..



Du même auteur :
Fredo
Ivrogne et pourquoi pas?
L'amour et la guerre 1/3
L'amour et la guerre 2/3
L'amour et la guerre 3/3
L'aventure, la voilà
La planète où mourir
Quartier des halles
Si tu me payes un verre
Sortilèges
Syracuse
Un soir au Gerpil

Bernard Dimey - L'amour et la guerre 2/3



Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Charles Aznavour
- Diffusé par DEEZER -



Bernard Dimey - (1931-1981)


L'amour et la guerre

En levant les yeux vers le ciel de France
Je n'y vois plus passer que des oiseaux blessés,
Qui ne comprennent rien, pas même leur souffrance
A travers ces enfers qu'ils ont dû traverser

A présent que la mort est un mal qui voyage
Les hommes de vingt ans n'aiment plus les bateaux.
Qui leur indiquera le chemin du courage ?
Qui leur dira pourquoi on y laisse sa peau ?

Les enfants d'aujourd'hui grandiront bien trop vite
Pour être les héros d'on ne sait quels combats
Le bonheur peut venir à ceux qui le méritent
Les hommes d'aujourd'hui ne le méritent pas

Le chemin qui conduit aux plus belles victoires
N'a jamais traversé aucun des champs d'honneur
Si c'est avec le sang que l'on écrit l'histoire,
Il n'en restera plus pour faire battre nos cœurs

Tuer des innocents qui meurent sans comprendre,
Sans haine au fond du cœur et sans savoir pourquoi,
Ne peut être pour nous le chemin qu'il faut prendre
Les temps sont bien finis de mourir pour le roi



Du même auteur :
Fredo
Ivrogne et pourquoi pas?
L'amour et la guerre 1/3
L'amour et la guerre 2/3
L'amour et la guerre 3/3
L'aventure, la voilà
La planète où mourir
Quartier des halles
Si tu me payes un verre
Sortilèges
Syracuse
Un soir au Gerpil

Bernard Dimey - L'amour et la guerre 1/3



Ecouter la version chantée
Composée et interprétée
par Charles Aznavour
- Diffusé par DEEZER -



Bernard Dimey - (1931-1981)


L'amour et la guerre

Pourquoi donc irais-je encore à la guerre
Après ce que j'ai vu, avec ce que je sais
Où sont-ils à présent les héros de naguère
Ils sont allés trop loin chercher la vérité

Quel que soit le printemps, les cigognes reviennent
Tant de fois le coeur gros je les ai vues passer
Elles berçaient pour moi des rêveries anciennes
Illusions d'un enfant dont il n'est rien resté

Les fleurs de ce printemps se fanent sur les tombes
De tous ceux qui jamais ne reverront l'été
Sur leurs noms inconnus le silence retombe
Nul ne saura plus rien de ce qu'ils ont été

Toutes les fleurs sont mortes aux fusils de nos pères
Bleuets, coquelicots d'un jardin dévasté
J'ai compris maintenant ce qu'il me reste à faire
Ne comptez pas sur moi si vous recommencez



Du même auteur :
Fredo
Ivrogne et pourquoi pas?
L'amour et la guerre 1/3
L'amour et la guerre 2/3
L'amour et la guerre 3/3
L'aventure, la voilà
La planète où mourir
Quartier des halles
Si tu me payes un verre
Sortilèges
Syracuse
Un soir au Gerpil

Max Jacob - Que penser de mon salut


                Max Jacob par Modigliani

Ecouter la version chantée
Interprétation : Jean-francois Gardeil
Composition : Henri Sauguet
- Diffusé par DEEZER -



Max Jacob - (1876-1944)


Que penser de mon salut

Il est comme la tige au milieu des herbes
il est comme l'herbe au milieu des tiges.
Grand comme un sire chez les vasseaux
ou comme un roi chez les barons
petit si tu le changes un peu
comme un vieillard chez des soldats.
Grand comme un Saint chez les tziganes
petit comme un tzigane chez les saints
petit comme un boeuf chez les tigres
grand comme un tigre chez les boeufs
juste assez grand pour l'enfer
riche de ce qui attire le diable
et dépourvu de tout le reste.



Du même auteur :
Cimetière
Exhortation
Il se peut qu'un rêve étrange
Invitation au voyage
Invitation au voyage
L'amour du prochain
La roue du moulin
Mille regrets
Que penser de mon salut
Le petit paysan
Villonelle

Ronsard - Je ne saurois aimer autre que vous


 Danaé - Huile sur toile de Jacopo Robusti dit Le Tintoret - Musée des Beaux-Arts de Lyon

Ecouter la version interprétée
par l'ensemble Metamorphoses de Paris
Direction : Maurice Bourbon - Disque Arn 268230
Composition : Antoine de Bertrand
- Diffusé par DEEZER -



Pierre de Ronsard (1524-1585)


Je ne saurois aimer autre que vous

Je ne saurois aimer autre que vous,
Non, Dame, non, je ne saurois le faire:
Autre que vous ne me sauroit complaire,
Et fust Venus descendue entre nous.

Vos yeus me sont si gracieus et dous,
Que d'un seul clin ils me peuvent defaire,
D'un autre clin tout soudain me refaire,
Me faisans vivre ou mourir en deux cous.

Quand je serois cinq cens mille ans en vie,
Autre que vous, ma mignonne m'amie,
Ne me feroit amoureus devenir.

Il me faudroit refaire d'autres venes,
Les miennes sont de vostre amour si plenes,
Qu'un autre amour n'y sauroit plus tenir.


Baudelaire - La mort des amants


    Découverte des corps de Pyrame et Thisbé - Pierre Mignard (1612-1695)


Ecouter
sur DEEZER
Interprétation :
Léo Ferré
Composition :
Léo Ferré

sur DEEZER
Interprétation :
Georges Chelon
Composition :
Georges Chelon

sur DEEZER
Interprétation :
Richard Ankri
Composition :
Richard Ankri


Ecouter
sur DEEZER
Composition :
Fabrice Brusson
Interprétation :
Jeune Goinfre

sur DEEZER
Composition :
Claude Debussy
Interprétation :
Barbara Hendricks

sur DEEZER
Composition :
Joce Ménard
Interprétation :
Joce Ménard



Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal


La mort des amants

Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.

Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.

Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;

Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.


Eluard - Tel jour telle nuit (VI)



Ecouter sur DEEZER
Compositeur : Francis Poulenc
Interprète : Pierre Bernac



Paul Eluard (1895-1952)


Une herbe pauvre

Une herbe pauvre
Sauvage
Apparut dans la neige.
C'était la santé.
Ma bouche fut émerveillée
Du goût d'air pur qu'elle avait.
Elle était fanée.

Une herbe pauvre
Sauvage
Apparut dans la neige.


Aragon - On voit des marquis sur des bicyclettes


    Paris en 1941 - Bundesarchiv 1011-247-0775-38

Ecouter la version chantée
Compositeur : Francis Poulenc
Interprète : Regine Crespin
- Diffusé par DEEZER -




Louis Aragon - (1897-1982)

Les Yeux d'Elsa


Fêtes galantes

On voit des marquis sur des bicyclettes
On voit des marlous en cheval jupon
On voit des morveux avec des voilettes
On voit des pompiers brûler les pompons

On voit des mots jetés à la voirie
On voit des mots élevés au pavois
On voit les pieds des enfants de Marie
On voit le dos des diseuses à voix

On voit des voitures à gazogène
On voit aussi des voitures à bras
On voit des lascars que les longs nez gênent
On voit des coïons de dix-huit carats

On voit ici ce que l'on voit ailleurs
On voit des demoiselles dévoyées
On voit des voyous, on voit des voyeurs
On voit sous les ponts passer des noyés

On voit chômer les marchands de chaussures
On voit mourir d'ennui les mireurs d'oeufs
On voit péricliter les valeurs sûres
Et fuir la vie à la six-quatre-deux.


Anonyme - L'amour de moy



Ecouter la version
chantée par
Nana Mouskouri
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter une version
peu ordinaire chantée par Jane Birkin
Attention, l'intro est un peu longue...
- Diffusé par DEEZER -



Auteur inconnu - XVe siècle


L'amour de moy

L'amour de moy s'y est enclose
Dedans un joli jardinet
Où croît la rose et le muguet
Et aussi fait la passerose

Ce jardin est bel et plaisant
Il est garni de toutes flours
On y prend son ébattement
Autant la nuit comme le jour

Hélas ! Il n'est si douce chose
Que de ce doux rossignolet
Qui chante au soir, au matinet
Quand il est las, il se repose

Je la vis l'autre jour cueillir
La violette en un vert pré
La plus belle qu'oncques je vis
Et la plus plaisante à mon gré

Je la regardai une pose
Elle était blanche comme lait
Et douce comme un agnelet
Et vermeillette comme rose



Ecouter la version
chantée par
Jacques Douai
- Diffusé par DEEZER -

Ecouter la version
interprétée par
Les petits chanteurs à la croix de bois
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